Librairie sauvage

Publié le par Antoine




Il était venu
trois jours
auparavant.

Cela ne ressemblait
à rien.
Peut-être
une remise,
mais il avait
trouvé cela joli.
Non, pas vraiment
joli. Un charme
glacé
juste plein
d’avenir,
plein de possibles.


Fenêtres
et portes
encastrées
dans des façades
passoires.

À l’intérieur,

le sol était
sans exister.
Les pierres
aux murs
n’avaient
pas de joints.

Les araignées
y avait
élu
royaume.


Pousser le fatras,
détourner les objets,
leur donner jour
et chaleur
dans cette congère
aux cent vents.

La poussière volait.

Elle se déposait
en couches successives
et corrosives
dans ses poumons.

Tirer des câbles,

faire venir l’électricité,
installer un
semblant
de confort.
Déployer
des talents,
inexistants,
de bricoleur.

Travailler
avec l’heure
d’hiver.
Tout arrêter
à dix-sept heures.


Le lendemain,
il se réveillait,
le froid incrusté
dans ses lèvres.
Boursouflures
et lambeaux.
Il les gardera
longtemps
après
le troisième jour.
Mais avec cœur,
il y retournait,
il y retrouvait
cette âme
qu’il mettait
au monde…


La poussière
sans cesse
se levait,
tournoyait,
à chacun
de ses mouvements.
La sueur,
qui perlait
aux tempes,
contrastait
avec
l’air gelé
de ce qui
aurait pu
être son caveau.


Pas de lumière,
seule celle du jour
encombrée
de nuages
noirs
et épais.

Bidouiller
les multiprises
et enfin
faire claquer
les néons.


Décharger
la voiture
des caisses
d’acteurs,
les mettre
en scène
à la lumière
blafarde.

Ses livres,
qui ne sont
finalement
pas les siens,
il les fait
jongler,
les pose,
les reprend
comme
le feraient
des manipulateurs
de bonneteau.


Une fois
chacun installé,
il les épouse
du regard,
il les contemple.
Dans le silence
et les bruissements
électriques,
il les écoute,
il sent
qu’ils prennent vie.
Il sourit,
et songe
à l’idée
que cette nuit
les araignées
auront de la lecture.
Cette idée
lui plait.

Il débranche
les néons,
ferme la porte
derrière lui,
un dernier regard
par la vitre,
une dernière pensée
pour les araignées.


Sur le chemin
du retour,
dans le balayement
des phares,
il espère
que les souris,
cette nuit,
ne s’intéresseront
pas à la lecture.





À Romain M.,
En souvenir d’une nuit albertivillarienne
La Tour d’Aigues, 9 mars 2009

Publié dans Mes textes

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I
Un lieu qui bien avant que les âmes des acteurs ne sortent de l'ombre, avait déjà son histoire et ne demandait qu'à faire naître une nouvelle scène pour offrir au monde une nouvelle part de magie, de "possibles" et de "pourquoi pas"...
Répondre
N
Lovée au fond de cette remise, le temps d'un week-end savoyard doit revêtir des plaisirs insoupçonnés !!!!
Répondre
A
<br /> <br /> Je pense que vous vous êtes trompée de blog...<br /> <br /> <br /> <br />
T
beau comme l'espace enntre la flaque gelée 'hier et celle d'aujourd'hui !
Répondre